Tout ça pour un poisson [Terminé]

Le soleil était déjà haut dans le ciel et il était presque midi.
Une forte chaleur de début d'été enveloppait les quartiers d'Ilmer. Par une température pareil, inutile de préciser que l'animation se faisait plus rare que d'habitude dans les rues. Marchands et artisans restaient à l'ombre de leurs étalages, attendant les quelques clients qu'ils pouvaient avoir.
Pourtant, soudain, un remue-ménage accompagné d'un sacré raffut se fit entendre dans la partie est de la place marchande. La rumeur enfla et monta, monta, jusqu'à devenir une clameur reprise par de nombreux marchands: "Au voleur! Au voleur!"
Jaillissant d'un étalage, deux ombres à quatre et deux pattes se mirent à traverser la place à vive allure. Les deux personnages sautèrent avec agilité par dessus un ensemble de tonneau et esquivèrent les quelques passants qui les regardaient passer avec surprise, puis ils reprirent leur course effreinée, les marchands toujours aux trousses. Les gens qui observaient la scène, interloqués, distinguèrent une petite silhouette et une plus grande: un jeune homme aux cheveux en bataille et un chat noir, tout deux courrant à perdre haleine.

"Alors là bravo Akin!... Tu t'es surpassé cette fois!... Si on s'en sort sans perdre de poils rappelle moi de te donner un coup sur le museau!..." s'écria Fillan, le chat noir, d'un ton essoufflé.

"Ch'est pas ma faute!... protesta le concerné, la bouche a moitié occupée par une truite qu'il tenait solidement entre les dents. Dès que che vois un poichon, che peux pas m'en empêcher!... Et puis che pouvais pas chavoir qu'il était à quelqu'un moi!..."

"Menteur!... gronda la chat. Tu savais qu'il appartenait à ce poissonnier!... Maintenant tais toi et cours!..."

Sans ralentir leur course, les deux comparses prirent un virage serré à droite et s'engagèrent dans une rue moins peuplée. Derrière eux la clameur continuait de retentir, signe que leurs poursuivants étaient toujours à leurs trousses.
Akin repéra alors une série d'étalages sur la droite. Sans réfléchir il changea de cap, Fillan sur les talons, et fonça sur le premier. Le marchand regarda sidéré le jeune homme faire un bond prodigieux pour atterrir sur la toile qui servait de toit à son étalage.
Akin et Fillan se mirent à sauter de bâche en bâche, à la surprise des personnes présentes. Cette manœuvre sembla réussir, car il gagnèrent aussitôt du terrain sur leurs poursuivants. Au dernier étalage, Akin effectua un salto avant et atterrit sur ses pieds et ses mains avec agilité, puis reprit sa courses, désormais sûr d'échapper aux marchands en colère.
Devant eux, une ruelle se présenta à droite.

"Par là Akin!... On va finir de les semer dans les ruelles!..." s'écria Fillan.

Le garçon hocha la tête et ils redoublèrent d'ardeur pour atteindre leur objectif, persuadés à présent qu'ils étaient tirés d'affaire. Ils prirent alors un nouveau virage serré pour entrer dans la ruelle et...
BAM!
Akin se heurta violemment à quelque chose de plein fouet et tomba en arrière. Le dos douloureux il se redressa en se massant les côtes. La première idée qui traversa son esprit était qu'il était fichu, les marchands étaient presque sur eux maintenant. Soupirant de déception, il releva enfin la tête pour voir ce qui l'avait stoppé.

[rp libre, premier arrivé premier servi ^^]

Eira plissa les yeux, se concentrant une nouvelle fois. Elle tendit le bras vers le mur et...passa au travers.
Encore raté.
Cela faisait bien dix minutes qu'elle tentait de devenir matériel. Non pas pour toucher le mur, mais pour attraper les vêtements suspendu sur un fil au dessus de sa tête. Elle avait envie de les inverser, voir de les éparpiller, mais tant qu'elle ne pourrait pas les toucher...
La fantôme se demanda un instant si c'était du à la chaleur, mais il n'y avait personne dans la rue...enfin la chaleur, il faisait pas si chaud que ça, le soleil éclairait juste un peu plus que d'habitude.
Tant pis elle tentait une dernière fois, et si elle n'y parvenait pas, elle ferait simplement peur à un passant.
Se concentrer, devenir matériel et....
BAM.
Quelque chose percuta la fantôme de dos, qui surprise perdit immédiatement sa concentration et redevint immatériel. Elle se retourna, quelques peu énervés, pour voir un garçon étalé sur le sol, un poisson dans la bouche, à côté d'un chat.
Eira fronça les sourcils et s'apprêtait à lui demander ce qu'il faisait là, lorsqu'un brouhaha interrompit le fil de ses pensées. Là dans la rue, plein de monde qui se bousculaient en hurlant.
Nan mais il se croyait où ? C'était quoi ses manières ?!

La fantôme passa devant le garçon, ou bien au travers, elle n'avait pas vraiment fais attention et fonça vers le monde en hurlant.
« BOUUUUUUUUUUUUUUUUYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA »
Les poursuivants du garçon s'arrêtèrent net, certains tournèrent les talons, d'autres hésitèrent. Lorsqu'elle arriva au niveau des premiers, l'un d'eux tenta de la frapper, son poing passa au travers, et emportait par sa force il tomba.
Eira fronça une nouvelle fois les sourcils. Nan mais qu'est-ce qu'il voulait celui là? Il cherchait la bagarre ?
La fantôme passa au travers de deux personnes et hurla une seconde fois.
« BOUH! »
Le reste du petit groupe n'hésita plus une seconde, dans un ensemble désordonnais ils tournèrent les talons en hurlant.
Ça c'était fait.
Elle allait pouvoir continuer son expérience en paix.

En se retournant de nouveau la fantôme regarda à nouveau le garçon, qu'elle avait presque oublié, il s'était levé et mangeais son poisson en se grattant la tête, ou bien en se recoiffant, la fantôme n'aurait sur trop dire.
Elle fonça sur lui et s'arrêta à quelques centimètres de sa tête, un peu intrigué.
« Salut ca va? C'est bon le poisson ? Ça ma l'air gluant.. dis tu peux attraper les vêtements là-haut... si je pouvais juste les mettre là ou bien là. Ou encore remplacé celui là par celui ci... Tiens salut le chat... ou alors je passe à travers ma cloison et je fais bouh... hmm non suffit que je décroche le fil et paf tout tombe. »
La fantôme arrêta sa tirade et regarda les deux êtres qui la regardaient, le garçon ayant même arrêté de mâcher.

« Si c'est pas bon faut recracher. »

Lorsqu'il découvrit la personne qu'il avait devant les yeux, Akin en oublia quasiment aussitôt ses poursuivants. C'était une jeune femme. Enfin ce qui s'en rapprochait le plus en tout cas, car jamais le garou n'avais croisé de fille aussi translucide et aux cheveux aussi blancs.
L'intérêt infantile et quasi-hystérique du jeune homme en fut tout de suite éveillé. Dans sa tête, le mélange chaotique de questions se disputait la place pour sortir en premier de sa bouche, et la lueur dans ses yeux vert indiquait que le tout n'allait pas tarder à exploser.
Akin s'apprêtait à bombarder l'inconnue d'une avalanche de questions lorsque celle ci fonça sur lui et le traversa sans plus de cérémonie. Le garçon eut l'impression de prendre une douche glacée et il s'ébroua comme s'il avait véritablement été mouillé.
De crainte que l'inconnue ai disparu avant qu'il ai pu poser toutes ses questions, il se redressa vivement et se retourna. Non, elle était toujours la, face à un groupe de personnes à l'air terrifié.
Il fallut plusieurs secondes à Akin pour se rappeler du groupe de marchands qui le poursuivait.
Il pencha la tête sur le coté d'un air surpris et curieux: la fille qu'il venait de percuter faisait apparemment très peur aux marchands, vu leurs visages décomposés et leurs bras tremblants.

« Ben qu'est ce qu'ils ont? On dirait qu'ils ont vu un fantôme. » s'étonna Akin.

Fillan lui observait la scène avec intérêt, assis sur ses pattes, silencieux.
Soudain la fille traversa plusieurs personnes du groupe et hurla:

« BOUH! »

Comme si elle venait de leur donner un ordre, les marchands s'enfuir en hurlant de peur.
Akin ne comprenait pas vraiment leur réaction mais une chose était sûr au moins... Il allait pouvoir manger son poisson maintenant!

« Super, j'avais faim! » s'enthousiasma t-il en mordant dans la truite.

« Eh! Garde m'en un peu goinfre! » protesta Fillan en détachant enfin son regard de la jeune femme.

Akin avala une bouchée de poisson se gratta la tête avec le plat de sa main libre d'un geste très félin.
Il s'aperçut alors seulement que la fille l'observait sans bouger et cessa lui aussi tout mouvement, la main suspendu au dessus de la tête. Les questions recommençaient à vouloir sortir de sa bouche, lorsque soudain l'étrange fille lui fonça dessus et s'arrêta à quelque centimètres seulement:

« Salut ca va? C'est bon le poisson ? Ça ma l'air gluant.. dis tu peux attraper les vêtements là-haut... si je pouvais juste les mettre là ou bien là. Ou encore remplacé celui là par celui ci... Tiens salut le chat... ou alors je passe à travers ma cloison et je fais bouh... hmm non suffit que je décroche le fil et paf tout tombe. »

Akin resta interdit. L'inconnue avait dit tout ça d'un trait et sans reprendre son souffle.
Il pencha la tête sur le coté (l'autre cette fois) et observa le visage blanc de la fille qui l'avait devancé dans l'avalanche de questions.

« Eh mais c'est moi qui pose des questions comme ça rapidement d'habitude! protesta t-il d'un ton surpris. Tu lis dans ma tête? T'as un pouvoir de copie? Tu... Ah non mince c'est vrai c'est toi qui a posé les questions en première, zut alors, c'est moi qui doit répondre le premier, bon tant pis. » ajouta t'il dans ce qui semblait une seule phrase.

Il mordit de nouveau la truite pour en prendre une bouchée et la tendit à la jeune femme.

« Ça va merci, toujours quand je mange du poisson, enfin je préfère les pommes mais c'est pas grave. Le poisson c'est super bon, mais les gens le cuisent, mais moi je préfère cru, mais bon les gens sont fous. T'en veux? Parce que sinon Fillan va tout manger le reste, mais c'est normal il aime plus que moi, enfin c'est quand même moi qui l'ai piqué, mais c'était un réflexe, et puis on se contrôle pas toujours. Hein quels vêtements? Ceux là? Ils sont moches... Enfin c'est quand même des vêtements, et puis moi je préfère le poisson, mais si toi t'aimes les vêtement c'est tes goûts, et puis t'as fait fuir les marchands alors je peux te rendre service, et puis le poisson c'est bon vas y goûte! »

Au fur et à mesure de ses réponses, aussi désordonnées que s'il avait posé les questions, le sourire ravi du garou s'élargit, lui donnant une expression de plus en plus enfantine, comme un enfant à qui on aurait annoncé la venue de noël.
A la fin de son récit, et voyant que son interlocutrice ne prenait toujours pas le poisson qu'il lui tendait, il ajouta:

« Et puis je m'appelle Akin, et puis je suis content de te connaître! Si si c'est vrai! »

L'inconnue daigna finalement tendre les mains, et le garou laissa tomber le poisson... sur le sol.
Surpris il reprit le poisson et le remit dans les mains de la jeune femme, et il tomba encore au sol.
Le garçon ramassa le poisson pour la deuxième fois, le souleva devant son visage et le tatonna du bout du doigt, l'air concentré.

« Bizarre ce poisson. » marmonna t-il.

Fillan en profita pour sauter sur son épaule et pousser un miaulement accusateur.

« Ah oui pardon, et ça c'est Fillan, mon meilleur ami. » ajouta Akin d'un air distrait sans cesser de tâtonner son poisson par petits coups secs, tandis que le chat noir répondait par un ronronnement à l'attention de la jeune femme.

Eira se mit à sourire en entendant le garçon, elle allait enfin pouvoir avoir une vraie conversation.
Spaf!
Le poisson tomba lamentablement sur le sol...ah encore raté. Il fallait vraiment qu'elle apprenne à se concentrer au bon moment pour éviter ce genre de ….spaf!
Si ça continuait il allait perdre du goût ce poisson...même si la fantôme n'avait aucune idée de ce qu'on pouvait sentir en machônant un poisson cru ou cuit. L'idée même de cuisine lui était complètement abstraite. A quoi bon perdre son temps à dormir ou manger?
En tout cas le garçon avait l'air de pensé que le problème venait du poisson lui même...a moins qu'il n'aime tout simplement toucher un poisson poisseux.

« Bonjour Fillian le chat, nan mais pour les vêtements c'est pour les échanger de place...poisson cru poisson cuit ça change quoi? Moi c'est Eira. C'était tes copains tout à l'heure? Si à la place d'échanger les vêtements j'ouvrais leurs portes en douce et paf! Moi aussi contente de te connaître. Ouais mais pour ouvrir la porte ça va être galère... dis c'est vrai que quand il y a du soleil il fais chaud? »

La fantôme se stoppa soudainement, fixant le chat la tête légèrement penché sur le côté. Elle eut la soudaine certitude qu'elle aurait pu passer des heures à parler de tout et de rien avec lui et le garçon mais quelque chose n'allait pas. Avait-elle oublié un truc? Eira explosa de rire à cette pensée, oublier un truc...hilarant.
La fantôme mis quelques minutes à se calmer et à remettre un minimum d'ordre dans ses pensées. Où en était-elle déjà? Ah oui! Quelque chose n'allait pas avec le garçon au chat....mais quoi...

« Ah AH! Je sais! »

Sans donner plus d'explication à sa réflexion la fantôme tendit les bras en tirant la langue, elle effleura la tête du chat fit un bond en arrière et se mit à danser en tournant en rond.

« Youhou! Je l'ai eut!!! »

La fantôme s'arrêta en plein milieu d'un mouvement, dans une position improbable qui aurait normalement du faire tomber tout être ayant besoin de reposer sur ses deux jambes, puisqu'elle s'était arrêté net en plein milieu d'un saut.
Elle resta ainsi un certain temps comme plongée dans ses pensées, puis leva à nouveau la tête vers les vêtements étendues et fonça derrière le garçon, elle pris cependant soin de ne pas lui passer au travers, ou plutôt l'évita parce qu'elle fonça à côté de lui et tourna brutalement au dernier moment pour se retrouver dans son dos.

« Dis tu les attrapes et tu les met au sol. Peut-être que si je les mets sur ma tête ça tiendra....ou alors ils vont cramer...mais bon qui ne tente rien n'a rien comme on dit et... »

Cette fois le silence d'Eira eut quelques choses d'inquiétant surtout quand en se retournant à moitié son bras passa malencontreusement au travers du torse d'Akin. Elle semblait toutefois étonnamment sérieuse et fixait le bout de la ruelle. Elle se rapprocha de l'oreille du garçon et pris un ton de conspirateur.

« Il y a quelqu'un qui nous observe »

Ton qui ne servit à rien puisque la fantôme cria à moitié, dans le but de se faire entendre par l'observateur, sans réaliser une seconde qu'elle se trouvait tout à côté de l'oreille du garçon qui avait donné la fin du poisson à Fillian, juste avant de regarder le bras qui lui avait traversé le corps et avait disparu.

Toujours à l'étude de son poisson, qu'il semblait prendre une grande précaution à examiner, Akin prêta une oreille distraite aux paroles de la jeune femme. Il releva la tête quand elle eut terminer, tenant toujours le poisson du bout des doigts comme il aurait tenu un étrange objet.

«  Ben oui le soleil il donne chaud. répondit il. Enfin normalement, parce que si t'as déjà chaud il te donnera pas chaud, à moins que ça soit l'inverse... Heu... Bon ben sinon le poisson cru c'est bien meilleur, tu rigoles! Ah bah non si ça se trouve tu rigoles pas, enfin on rit quand on veut. Mais c'est meilleur cru! Parce que... parce que... … Parce que c'est meilleur! C'est marrant comme nom Eira. Mais en même temps c'était pas mes amis les gens de tout à l'heure, ils voulaient juste me gronder pour le poisson, c'est vrai que j'aurais pas du le prendre mais bon, c'est réflexe, tu sais on fait ça et puis pouf! On se retrouve là. »

La dénommée Eira ne semblait plus l'écouter, semblant plongée dans une intense réflexion. Mais il en fallait plus au chat garou pour s'arrêter de parler. Et puis il aimait bien cette étrange fille, même pour quelqu'un comme lui qui avait tendance à aimer tout le monde, quand il ne leur sautait pas dessus en criant. Son interlocutrice éclata alors de rire, sans raison apparente.

« Oui c'est un peu drôle hein? On décide pas toujours de ce qui va arriver après, mais bon c'est quand même super le poisson, et les pommes aussi. »

« Ah AH! Je sais! » l'interrompit Eira.

« Ah bon? Toi aussi t'as volé une pomme et un poisson en même temps? » s'enthousiasma Akin.

Sans répondre, la jeune femme tendis lentement les bras vers Fillan, l'air concentrée.
Le chat ne se déroba pas et ronronna lorsque la fille lui toucha légèrement la tête. Puis celle ci fit un bon en arrière, apparemment satisfaite et exécuta un petit pas de danse en tournant en rond. Akin failli la rejoindre, trouvant sa réaction très amusante, mais commença par interroger Fillan:

« Qu'est ce qui s'est passé? J'ai rien compris. »

« Elle s'est matérialisée en partie. » répondit calmement le chat en regardant la jeune femme avec une expression qui semblait amusée.

Akin regarda tour à tour Fillan et Eira, le visage peint d'une expression de total incompréhension.
Le chat eut un petit rire félin devant l'air de son ami.

« Je t'expliquerais un jour. »

Eira se stoppa alors en plein milieu d'un saut et... resta suspendue dans les airs. Akin en resta scié, la bouche grande ouverte, l'air un peu benêt, comme un enfant impressionnable devant un spectacle de prestidigitation.

« Woooaaaa ! » trouva t-il seulement à dire.

Mais avant qu'il ai pu dire quoi que ce soit, Eira le devança:

« Dis tu les attrapes et tu les met au sol. Peut-être que si je les mets sur ma tête ça tiendra....ou alors ils vont cramer...mais bon qui ne tente rien n'a rien comme on dit et... »

Akin se frappa le front.

« Ah oui! Les vêtements! Je les avais oublié! En même temps ils me l'ont pas rappelé. Bon je te les attrape, mais après tu m'apprend à rester dans les airs comme tu fais, c'est trop génial! »

Akin donna le reste de son poisson à Fillan, qui le dégusta en ronronnant, et s 'apprêta à bondir pour saisir les vêtements au vol. Mais il se stoppa soudain en plein mouvement lorsque le bras d'Eira lui passa au travers du corps, lui donnant à nouveau l'impression d'avoir prit une douche glacée. Il grimaça et s'arrêta alors, l'oreille dressée. Son ouïe, son odorat, peut être même son instinct lui soufflait soudain de se méfier. Il y avait quelque chose d'anormal. Quelque chose qui venait; il tendit l'oreille; oui c'est ça, du bout de la ruelle.
A en juger par l'expression soudain sérieuse et froide de sa complice, le chat garou compris qu'elle aussi l'avait perçut. Cette dernière se rapprocha soudain de lui comme pour lui chuchoter quelque chose. Attentif, Akin tendit l'oreille vers elle et...

« IL Y A QUELQU'UN QUI NOUS OBSERVE » cria la jeune femme.

Akin eut l'impression qu'on lui perçait le tympan gauche. Il sursauta tellement qu'il fit un bond en émettant un bruit de chat furieux et se prit le mur de droite. Il se releva en se massant la tête.

« Décidément j'en prend plein les os aujourd'hui... » marmonna le chat garou en tentant de se déboucher l'oreille.

A ce moment là, il se dit qu'avoir l'ouïe très sensible ne comportait pas que des avantages...
Une main sur l'oreille, il reporta son attention sur la personne qui les espionnait. Ce qu'elle ne faisait plus d'ailleurs maintenant qu'elle se savait repérée.
Une silhouette encapuchonnée s'avança vers eux. La personne en dessous devait être mince et de taille moyenne jugea le chat garou.
Il réfréna l'envie qu'il avait de lui sauter dessus en criant « bouya » et se contenta de le regarder approcher en penchant la tête sur le coté (droit parce qu'il avait mal à l'oreille gauche).
Alors qu'il était presque à leur niveau, Fillan se mit soudain à cracher furieusement. L'instinct soudain mit en alerte, Akin redressa la tête et vit du coin de l'œil un éclair brillant. Il se jeta en réflexe sur Eira pour l'écarter du chemin de la lame, mais passa aux travers à sa grande surprise et s'écrasa par terre. Se relevant aussitôt il regarda la jeune femme, qui n'avait pas bouger, avec étonnement.

« Bizarre... Elle est peut être comme le poisson.  se dit mentalement le chat garou. Peut être que si je soufflais dessus... »

L'homme encapuchonné quand à lui avait toujours le bras pointé droit devant lui, une dague dans sa main gauche traversant le corps d'Eira. Akin se gratta la tête à la manière d'un chat. La dague ne semblait pas blesser la jeune femme. A vrai dire on avait plutôt l'impression qu'elle rentrait en elle comme dans de l'eau. Ça expliquait peut être la sensation de douche froide se dit Akin.
L'homme retira son arme et fit un pas en arrière. Sa main libre souleva le capuchon, devoilant enfin son visage. C'était un homme aux cheveux d'un rouge étrangement vif, et aux yeux couleur de cuivre sans pupilles. Une grande cicatrice lui traversait la paupière droite jusqu'au menton. Son visage émacié était étiré par un léger sourire.

« On dirait bien qu'on ne m'a pas appelé pour rien cette fois. Il y avais bien un fantôme un peu ennuyeux dans le coin. » éluda l'homme.

Il examina Eira de la tête aux pieds.

« Mh, tu ne sembles pas très puissant comme esprit, mais bon c'est la prime qui compte. Il y a un noble qui veut ta capture pour lui avoir volé ses vêtements alors qu'il prenait son bain. Comprend qu'il n'y a rien de personnel, mais je dois te ramener à lui pour chopper ma récompense. »

Il sortit alors de sa cape un étrange objet qui ressemblait à un tube de métal terminé par une sphère brillante et le pointa sur Eira. Akin n'avait pas compris grand chose à la conversation, mais juste assez pour comprendre que cet homme en voulait à la jeune femme.
En un saut, il se retrouva donc entre l'homme et Eira, grondant et feulant comme un félin.

« Je ne laisse pas les gens qui m'aide a manger du poisson se faire embêter par des pas beaux ! » grogna t-il.

L'homme ne paru pas le moins du monde surpris et se contenta de brandir de nouveau sa dague en lâchant:

« Va jouer ailleurs garou. Les créatures comme toi me tape sur le système. »

Akin feula davantage, bientôt rejoint par Fillan qui grimpa sur son épaule, le poil hérissé.
La tentions était à son comble.

Eira n'avait tout d'abord pas réagit, regardant le balafré un sourcil levé en signe d'interrogation. Puis elle s'était mise à sourire bêtement. Il est vrai qu'elle s'était bien amusé à lui voler ses vêtements à celui-là, ainsi qu'à le regarder s'énerver nu comme un vers lorsqu'il s'était rendu compte que les vêtements n'étaient plus à leurs place. Mais le plus drôle dans l'histoire c'était de savoir que les vêtements en question n'étaient pas bien loi, et que si l'homme s'était donné la peine de chercher un peu au lieu de brailler à plein poumons il aurait eut l'air bien ridicule.
Boum.
Akin lui passa au travers et s’affala sur le sol ramenant Eira à la ruelle. Ça ne devait pas être très agréable de tomber comme ça.
Puis une dague suivit le chemin du garçon la traversant de part en part. Ça s'était pas sympa du tout. Depuis quand on envoyait des choses sur les gens sans prévenir. C'était impoli! Et puis la ramener au noble, il se prenait pour qui ? En tout cas il n'était pas très malin de prévenir de son plan, pour une fois Eira allez pouvoir s'amuser de son immatérialité.

 « Va jouer ailleurs garou. Les créatures comme toi me tape sur le système. »

Garou ? Garou! Chat ? Peu importe, Eira aimait bien les garous, elle l'avait décidé la première fois qu'elle s'était retrouvé loup-fantôme. En plus elle n'aimait pas le balafré, il était moche et menaçant. La jeune fantôme s'étira de tout son long, comme si tout cela l’ennuyait, s'attirant un regard surpris du balafré. En réalité elle s'échauffait, la fantôme n'avait pas l'intention de faire dans la finesse.

3,2,1 Partez!
Elle fonça sans plus attendre, traversant Akin et Fillan (décidément c'était rigolo de traverser les gens), le balafré eut le réflexe de se jeter sur le côté pour éviter la fantôme. Mais celle-ci était décidé à ne pas le lâcher, le poursuivant à chacun de ses détours. Le balafré tenta une fois de la frapper en vain, puis il se contenta d'esquiver, n'ayant pas le temps de faire autre chose. Sérieusement il pouvait pas tout simplement s'arrêtait ? Eira commençait à se lasser. Elle s'immobilisa net.

« Chat c'est toi qui y est! »

Le balafré fut une nouvelle fois décontenancé par le comportement de la fantôme puis bondit en arrière sous l'attaque du garçon qu'il avait faillit oublié. Il se remit en garde et se ressaisit, pour lui la priorité était de s'occuper du garou, après tout la fantôme ne pouvait pas la toucher....

« C'est pas toi le chat le balafré tout moche! »

La fantôme fonça sur le mercenaire, lui passant au travers, s'immobilisa derrière lui et le frôla du bout des doigts. Une lueur bleuté émanant de sa main, le mercenaire n'eut que le temps de reculer avant de se prendre la décharge.
La fantôme observa sa main les sourcils froncés.
« Ah oui c'est vrai que je peux faire ça »
Soudain, agacé , le balafré avança sur la fantôme cachant quelque chose dans sa main. Eira sentit quelque chose la traverser et une boule de poil grise atterrit sur la tête du balafré en feulant.
« OUAIS vas-y Fillan! »
Aveuglé le balafré ne vit pas la fantôme se concentrer et tendre son pied pour le faire tomber, aussi il s'écroula sans comprendre, Akin lui sautant sur le dos dans le même temps.

« Hip hip hip hourra! Le balafré est à terre! Et si on lui piquait ses vêtements ? Ou alors on lui met les vêtements ridicule de là-haut, ou alors on lui gribouille sur la tête, ouais mais j'ai rien pour lui gribouiller dessus et... c'est quoi ce machin ? Ça se mange ? »
Eira désigna du bout du pieds la bourse d'or du balafré qui s'était ouverte pendant la chute. Le balafré quant à lui était complétement assommé, et écrasé sous le garçon qui s'était confortablement installé sur son dos.

Akin se prit tout de suite au jeu auquel Eira l'invitait à participer.
Et hop! Il attaquait l'homme sur le coté.
Et hop! Elle passait au travers!
Et hop! Fillan lui bondissait dessus pour lui griffer impitoyablement le visage!
Cet enchainement rappelait un peu au chat garou un jeu de balle, et ce n'était pas pour lui déplaire!
Finalement, le pied tendu d'Eira eut raison de lui et il s'écroula à terre. Akin en profita pour lui sauter sur le dos et l'immobiliser, même si ce n'était pas vraiment nécessaire puisque l'homme s'était évanoui à cause du choc. Mais bon Akin aimait bien sauter sur le dos des gens de toute façon.

« Hip hip hip hourra! Le balafré est à terre! Et si on lui piquait ses vêtements ? Ou alors on lui met les vêtements ridicule de là-haut, ou alors on lui gribouille sur la tête, ouais mais j'ai rien pour lui gribouiller dessus et... c'est quoi ce machin ? Ça se mange ? » lança Eira.

Akin se gratta intensément l'oreille droite de la main, tout en restant solidement sur le dos de l'homme, qui était à vrai dire plutôt confortable.
Fillan de son coté resta près d'Eira, se léchant nonchalamment la patte. Il était difficile dire qui était le plus félin des deux. Akin releva finalement les yeux vers sa compagne de combat et dit, une lueur enfantine et un peu folle dans les yeux:

« Ben moi je serai d'accord pour lui gribouiller la tête, on pourrait prendre les restes du poisson et de la boue? Ca c'est de l'argent, j'ai essayé ca se mange pas, berk! Mais ca sert quand on veut acheter à manger! Ou alors on lui coupe les cheveux! Ah non remarque ils vont repousser après c'est pas drôle. Ou alors on lui peint les cheveux en bleu! C'est beau le bleu! Mais j'ai pas de peinture... »

Ce fut Fillan qui interrompit sa nouvelle tirade:

« Akin! Pour parler plus sérieusement, pourrais tu au moins demander à Eira si elle a beaucoup de gens comme ça à ses trousses? Qu'on sache si d'autres vont venir quoi.»

« Rabat joie... marmona le garçon avant de transmettre la question à la fantôme. Et puis moi aussi j'ai une question! Ajouta t-il avec un très large sourire en direction de la jeune femme. Tu veux être mon amie?? Avec toi on s'amuse vraiment! Et puis même si tu aimes pas le poisson cru c'est pas grave! Si ca se trouve tu vas finir par aimer! »

« … J'ai beaucoup de choses à t'apprendre sur les fantômes mon petit gars. » soupira Fillan.

Pendant qu'ils parlaient, l'homme à terre, qu'Akin avait presque oublié commença à marmoner et à s'agiter.
Le chat garou avança la tête tout près de son visage pour l'observer, la tête improbablement penchée sur le coté.

« Ouah dit! Il s'est vite réveillé!  Coucou toi! »

L'homme immobilisé lui répondit en le fusillant du regard.

« Rabat joie... marmonna le garçon avant de transmettre la question à la fantôme. Et puis moi aussi j'ai une question! Ajouta t-il avec un très large sourire en direction de la jeune femme. Tu veux être mon amie?? Avec toi on s'amuse vraiment! Et puis même si tu aimes pas le poisson cru c'est pas grave! Si ça se trouve tu vas finir par aimer! »

Si quelqu'un d'autres en était après elle ? Aucune idée... Eira inclina la tête sur le côté un doigt sur la joue. Nan mais vraiment aucune idée. Comment aurait-elle put savoir, elle ne surveillait pas toutes les personnes qu'elles avaient effrayés; en vérité il lui arrivait même parfois de ne pas avoir le temps de les voir. Tout dépendait de la blague...
En revanche elle se souvenait d’absolument tout ce qu'elle avait put faire depuis qu'elle était fantôme, étrange mémoire...
Être son amie? Étrange question, est-ce que c'était le genre de chose qu'on pouvait choisir? La fantôme haussa les épaules, une moue dubitative, elle tira la langue un instant...oh et puis si cela signifiait s'amuser avec le garou pourquoi pas. Après tout pour le moment tout Fillan et Akin était plutôt drôle et de bonne compagnie.

« Bein je sais pas si j'aime j'ai jamais goûté...ou alors y a si longtemps que j'ai oublié... pourquoi pas ça doit être rigolo d'être votre amie, en plus on s'amuse bien...lui gribouiller sur le visage? Tu veux dire que tu vas le peinturluré de partout? Ah oui ça c'est drôle. Pis dommage que ça se mange pas...remarque j'aurais pas pu le manger. »

Tout en parlant la fantôme pirouetter sur elle-même, un pas en avant, un en arrière, à droite, à gauche devant et stop! Réveillé?! Ah non ça c'était pas drôle il allait pas pouvoir se faire peinturluré par Akin. Eira fronça les sourcils, réfléchissant à un plan machiavélique et...
« MUAHAHAHA »
Bein oui il fallait bien mettre un peu d'effet pour l'effrayer, sinon il était pas machiavélique le plan. Non? Tant pis c'était drôle quand même.
« Moi j'ai une proposition à te faire, et si t'es pas d'accord on te peinturlure le visage et on te met des vêtements ridicules!! »
Eira pris un temps un regard menaçant puis se mit à éclater de rire cassant tout son effet. Elle était en train d'imaginer le balafré en robe se baladant dans les rues. Oui ça aurait put être très drôle mais...
« Dégage sale rat »
Le balafré s'était adressé au garou juché sur son dos et commençait à se tortiller dans tout les sens. De toute évidence il n'avait même pas écouté la fantôme. Alors en plus d'être aveugle, parce que bon il n'y avait pas de rat ici, il était sourd! Peut-être qu'il s'était pris un choc en tombant...ou alors il avait vraiment quelques problème à la tête, vu sa façon de secouer le garou, qui s'était mis à rire. Fillan s'étant déplacé prêt à bondir toute griffe dehors sur le balafré..
Le balafré...
« Et dis Akin si tu le peinturlure, fais lui une autre cicatrice que sa soit symétrique. Et pis tire lui les cheveux, et pis fais lui les poches et pis... »
Eira bondit et atterrit à trois centimètres du balafré. Voyons...
Dedans; dehors, dedans, dehors.
Ah oui...ça pouvait être drôle de mettre la main dans la tête du balafré, même si il n'avait pas l'air d'apprécier et commencer à secouer la tête en grognant, comme si il prenait une douche glacé sur la tête...enfin il paraissait, Eira sentait plutôt de la chaleur dans ses doigts.

« Dis tu crois que si on le chatouille il réagira? Ou alors on peut le balancer à la flotte...mouais mais bon il est un peu gros...a je sais je sais on lui propose de dire au gars qui la envoyé qu'il m'a eut et en échange on le laisse tranquille, même si un peu de peinturluration ne lui ferait pas de mal, en plus il pue de la bouche tu sens ? Nan mais il est pas soigné ce monsieur, c'est pas très sérieux tout ça moi je dis! »

L'homme s'agitait comme un forcené, tentant avec acharnement de faire tomber le garou de son dos. Akin lui ne bougeait pas et riait aux éclats, ayant trouvé un nouveau divertissement.

« Dégage sale rat »

Akin pencha la tête sur le coté et observa l'homme toujours maintenu au sol. Il regarda ensuite aux alentours et se gratta la tête. Un rat? Ou ça un rat? N'importe quoi, si y en avait un il l'aurait sentie d'abord! Mais peut être que le gars disait ça pour le déconcentrer, comme quand on dit « Oh! Regarde derrière toi! » pour te piquer ton repas. Mais Akin n'avait pas de repas, c'était là toute la subtilité.

« Ahaaaa! » lança t-il à haute voix en conclusion de son raisonnement.

Le garou commençait à réfléchir à la façon dont il pourrait peindre le visage du monsieur sans peinture, quoique l'idée d'Eira de lui mettre des vêtements ridicules, comme un pantalon trop court, c'est amusant les pantalons trop courts, lui plaisait bien.

« Et dis Akin si tu le peinturlure, fais lui une autre cicatrice que sa soit symétrique. Et pis tire lui les cheveux, et pis fais lui les poches et pis... »

« Attend, attend faut que je note tout! Ah non remarque j'ai pas de quoi noter. Ah oui et puis je sais pas écrire c'est vrai. Bon ben je vais commencer par lui tirer les cheveux, c'est plus rapide! Ou alors non je vais lui faire les poches, il a peut être du poisson dans ses poches! En plus il en a plein des poches alors il doit avoir plein de poisson! »

« Ne me touche pas stupide garou! » pesta l'homme.

Fillan lui cracha dessus de plus belle. Akin lui ne s'en formalisa pas et se contenta de se passer le dos d'une main sur ses cheveux, rappelant toujours plus les gestes d'un chat. Il entreprit alors de farfouiller un peu partout dans le grand manteau de son tapis vivant, tandis qu' Eira s'amusait apparemment beaucoup à lui passer la main dans la tête.

« Ça doit faire comme une douche dans la tête, c'est marrant. » pensa le jeune homme, tout sourire.

« Dis tu crois que si on le chatouille il réagira? Ou alors on peut le balancer à la flotte...mouais mais bon il est un peu gros...a je sais je sais on lui propose de dire au gars qui la envoyé qu'il m'a eut et en échange on le laisse tranquille, même si un peu de peinturluration ne lui ferait pas de mal, en plus il pue de la bouche tu sens ? Nan mais il est pas soigné ce monsieur, c'est pas très sérieux tout ça moi je dis! »

Akin réfléchit un instant avant de répondre. Puis finalement il hocha la tête avec un sérieux exagéré, comme un comparse qui approuverait les plans machiavéliques de son patron.

« Eh monsieur-qui-sens-mauvais-de-la-bouche-comme-un-poisson-avarié-depuis-3-semaines! Tu voudrais pas aller dire au monsieur-qui-a-eut-peur-dans-son-bain-parce-qu'il-a-vu-Eira-lui-voler-ses-vêtements que tu as réussi et que y a plus à se soucier d'Eira? Ce sera trop gentil! Et puis sinon je te dessine un canard sur le front et des moustaches et de la barbe avec de l'encre! Si si j'ai de l'encre d'abord! »

Il avait dit tout en prenant un air qui se voulait effrayant, mais qui n'aurais pu de toute façon avoir aucun effet puisqu'il avait gardé un ton de voix enfantin et joyeux.

« Va mourir garou! Attend que je me relève et que te plante ma lame dans les boyaux! »

Fillan bondit en avant et lui asséna un coup de patte précis sur le nez, laissant trois estafilades sanglantes. L'homme cria de douleur et se prit le nez dans les mains, poussant des jurons. Akin et Eira éclatèrent de rire en même temps devant l'air bête de leur victime et celui satisfait du chat noir.

« En disant « lame » tu veux parler de ça? » demanda le garou en souriant une fois qu'il eut finit de rire.

Il lança en l'air et rattrapa d'une main la dague qu'il avait chapardé à l'homme. Puis il fit la grimaçe et s'adressa cette fois à Eira:

« J'ai pas trouvé grand chose dans ses poches. dit il, l'air déçu. Deux couteaux, un plus grand couteau, un bâton bizarre et un bout de papier. Même pas un petit poisson... »

Il étala ses trouvailles par terre et s'en désintéressa aussitôt pour sourire à l'homme-matelas.

« Et voilà! Tu peux plus nous embêter maintenant le pas beau! T'as plus d'arme! Aha! Rend toi canaille! Les mains en évidence! »

« Akin, c'est pas parce que tu entends les gardes te crier ça à longueur de temps que tu es obligé de faire comme eux. » soupira Fillan en secouant la tête.

L'homme plaqué au sol se mit alors à trembler. Le garou le regarda avec surprise. Avait il peut à ce point? Bizarre, le jeune homme ne se savait pas si effrayant pourtant, c'était peut être l'effet de la phrase des gardes. Mais en l'examinant avec plus d'attention, il se rendit compte en fait que l'homme riait légèrement. Finalement, il tourna vers lui un regard mauvais et prit la parole, mesurant chacun de ses mots:

« Imbécile, tu crois vraiment que mes dagues sont mes seules moyens de défense? Je suis un Arme! Un combattant né! Les gens de ta race, je les élimine à la pelle! »

Akin ne comprenait pas vraiment les paroles de l'homme, et il aurait très bien pu ne pas s'en soucier s'il n'avait pas ressenti à ce moment la une douleur cuisante dans la main gauche.
Feulant et crachant, il fit un bon en arrière, libérant l'homme de sa prise. Il regarda sa main gauche. Celle ci portait une profonde entaille sanguinolente. Le garou observa sa blessure sans parvenir à comprendre ce qu'il s'était passé. L'homme se releva tranquillement et rétracta la lame qui avait jailli de son propre dos.

« Règle n°1: ne jamais se placer trop au contact d'un être capable de faire jaillir des lames de son corps. » éluda t-il avec un sourire hargneux.

Fillan feula et bondit en avant, mais l'homme l'écarta d'un geste nonchalant qui envoya le pauvre chat s'écrouler contre un mur. Furieux, Akin bondit sur ses jambes et feula à son tour. Le balafré s'étira nonchalamment et jeta un regard à Eira et un autre au garou. Un nouveau sourire naquit sur ses lèvres:

« Règle n°2: toujours observer et juger la force de ses adversaires en premier lieu."

Il termina sa phrase en faisant jaillir de sa main un lame plus grande tout en ramassant une dague de son autre main. Il les pointa respectivement sur Akin et Eira.

Un grondement furieux monta de la gorge du jeune garou qui se mit en position d'attaque. Mais gêné par la blessure dans main, il eut du mal à prendre une bonne position pour bondir.
Il jeta un regard rapide à Fillan qui semblait dans les pommes et à Eira qui n'avait pas l'air contente du tout.

"Le choix ultime pour un homme, pour autant qu'il lui soit donner de se transcender, est ... créer, ou détruire... aimer, ou haïr. Erich Fromm"

Eira avait entendu dire que les battements du cœur s'accéléraient ou ralentissaient suivant les émotions. Qu'il y avait des signaux qui ne trompaient pas quand l'humeur des gens changeaient. Elles avaient vu certains fantôme garder trace de ces changements, comme un dernier réflexe de leurs vie passé.
Le changement pour Eira fut radical.

Le silence. C'était sa façon à elle de montrer le changement, un silence totale, remplacent instantanément ces monologues et ses pitreries. Le silence et l'immobilité totale, parfaite. Le balafré réalisa le changement au moment même ou la fantôme posa son regard glacial sur lui. Il n'y avait plus aucune trace de folie enfantine, ni même de cette lueur de joie de vivre, juste l'écho implacable de réflexes meurtriers.
Il comprit qu'il avait fait une erreur, en échec devant sa propre leçon. Il était loin d'avoir compris les forces de ses assaillants. Le balafré savait pertinemment, surtout face à des êtres au pouvoirs fluctuants, que le plus grand moteur de la force étaient l'esprit, les émotions, parfois leurs absence.
Il n'y avait rien d'autre que le regard froid et calculateur du guerrier en lieu et place de la fantôme.

Le sang! La neige! Et de nouveau le sang!
Eira se souvenait que trop bien du sang, de ce goût doux-amer qu'il lui avait laissé dans la bouche, ce cette sensation de terreur lorsqu'il s'était enfuie de son corps, de ces réflexes enfouis en elle, de son instinct qui lui hurlait qu'il n'était plus temps de jouer, plus temps de prendre la situation à la légère, Fillan était à terre, et le balafré était passé d'amusement à menace.
Les menaces...quelque part...dans une autre vie...elle avait sut les éliminer.

Le balafré comprit qu'il était en danger, lorsqu'il la vit se déplacer, avec toute la rapidité qu'elle pouvait avoir, elle ne chargea pas de front comme l'instant d'avant, se rapprochant suffisamment pour apprécier les distance, et tournoyant autour de son ennemi. Elle se rapprochait un instant frapper, reculer, recommencer son manège. Lorsque le garou rentra dans la danse, le balafré remarqua que la fantôme se mit à faire des cercles autour de lui tout en avançant, et avant qu'il n'est le temps de le réaliser elle le poussait, soutenue par les attaques du garous, contre un mur, réduisant son champ d'action à mesure que le temps passait.
Puis sans prévenir elle chargea, lui effleura la nuque....le plongea dans le noir.

Le balafré s'était reçu une décharge en pleine tête, sous la caresse de la fantôme. Il était hors d'état de nuire, pourtant la fantôme semblait vouloir continuer, elle s'approcha du corps le regard toujours aussi froid, ne fut qu'à quelques centimètres de sa peau puis....
Elle éclata d'un grand rire joyeux, toutes agressivités disparut.
Eira tournoya un instant sur elle même, tout en continuant de rire, Fillan s'étant redressé, juste sonné. Elle fit un clin d’œil au garou, esquissa quelques pas de danse.

« Dans ta face le moche! MUAHAHAHAHAHAHA »

La menace avait disparue, et Eira n'était violente qu'en cas de nécessité, impitoyable même. Pourtant dès qu'elle le pouvait, elle préférait rire des aventures qui lui arrivaient. Et puis elle n'aimait pas se sentir happé par ses anciens réflexes, ces murmures de sa vie d'avant qui la laissé parfois dans un état proche de l'inconscience...pour peu qu'un fantôme puisse perdre connaissance.

« Dis moi Akin le garou ami, on fait quoi maintenant ? Tu veux toujours le peinturlurer? Vaudrait peut-être mieux s'en aller. Faire d'autres trucs... ya cette maison que je devait hanter, pis retrouver quelques copains fantômes, même si des fois ils sont vraiment pas drôle...tient je sais si on le livrer au marchands avec un truc volés dans ses poches, pas un poisson vu que tu les mange, mais plutôt de ces machins rond et métalliques qui se mangent pas.... »

[HRP: désolé pour te temps de réponse]

Akin se rendit vite compte qu'il s'était trompé en disant qu' Eira ne semblait pas contente du tout...
Son regard et son visage soudain glacials, son immobilité totale, son air joyeux totalement évanoui.
Son instinct de garou lui souffla la suite: la jeune femme était folle de rage.
Le jeune homme senti un frisson lui dresser l'échine. D'apparence, la fantôme paraissait juste silencieuse et froide. Mais son changement total de comportement ne laissait aucun doute, elle était passé d'un enthousiasme marqué à une colère froide et meurtrière. Il n'y avait plus trace dans son regard d'Eira la fantôme pleine de joie, seule y était présente la volonté impitoyable du chasseur.
Leur adversaire l'avait perçu lui aussi, car il eut l'air tout à coup moins assuré et regarda la jeune femme avec une attention redoublée.
Akin, lui, comprit que quelque chose venait de réveiller cette colère plus effrayante que toutes celles qu'il connaissait. Quelque chose dans les paroles ou les geste de l'homme balafré avait fait réagir des souvenirs ou des réflexes conditionnés enfouis dans l'esprit de la fantôme.
Il n'eut pas le temps de se questionner d'avantage, car déjà celle ci se jetait sur l'agresseur avec une rapidité que le garou lui même ne pensait pas pouvoir égaler un jour.
Contrairement auparavant, elle n'attaqua pas directement sa cible, mais prit le temps de tourner autour de son ennemi pour jauger son attaque. Puis elle frappa, esquiva, tourna encore, refrappa, ne laissant aucun répit au balafré qui se trouvait de plus en plus déstabilisé.
Akin comprit ce qu'il avait à faire sans réfléchir. Il se jeta dans l'affrontement sans porter plus attention à sa blessure et attaqua avec une rage que l'agression de Fillan avait enflammé. Poussé par la fantôme, il ne prenait plus comme un jeu le combat qu'il menait.
Coup, esquive, contrattaque, esquive de nouveau... Le garou utilisait toute son agilité et sa rapidité féline dans ses mouvements et ne laissait aucune occasion à son adversaire de prendre l'avantage ou d'exploiter la moindre ouverture.
Bientôt, aidé par les assauts incessants du jeune homme, Eira parvint à acculer leur adversaire contre un mur. La suite fut aussi fulgurante que stupéfiante. Le fantôme se jeta en avant dans ce qui semblait un coup final. Son bras toucha à peine le cou du balafré, pourtant celui ci s'effondra instantanément, les yeux révulsés.
Akin s'accroupit, les bras entre les jambes et regarda avec une surprise non dissimulée le corps de leur adversaire. Il ne savait pas vraiment ce que venait de lui faire Eira, mais il était apparemment inconscient. La jeune fantôme ne semblait pourtant pas en avoir finit avec lui. En lui jetant un regard, Akin retrouva toujours dans son regard la froideur qui lui donnait l'impression que son amie s'était métamorphosée en une toute autre personne. Elle eut un nouveau frisson et hésita à stopper la fantôme qui s'approchait toujours de sa victime.
Mais à son grand soulagement, elle éclata alors de rire et se tourna vers lui. Akin failli pousser une exclamation de joie en voyant que son regard et son visage était redevenu ceux qu'il lui avait connu auparavant. Elle répondit à son expression joyeuse par un clin d'oeil, avant de se remettre à tournoyer dans une danse joyeuse.
Le réflexe premier du garou fut de porter secours à Fillan, mais celui ci se relevait déjà en marmonnant des paroles incompréhensible et plaintives, apparemment juste sonné.

« Dans ta face le moche! MUAHAHAHAHAHAHA » s'écria Eira.

L'euphorie prenant la place de la rage, Akin se leva et rejoignit la fantôme en effectuant une danse guerrière improvisée et enthousiaste. Ils sautillèrent ainsi pendant quelques minutes, sous le regard indulgent et amusé du chat noir. Puis Eira reprit:

« Dis moi Akin le garou ami, on fait quoi maintenant ? Tu veux toujours le peinturlurer? Vaudrait peut-être mieux s'en aller. Faire d'autres trucs... ya cette maison que je devait hanter, pis retrouver quelques copains fantômes, même si des fois ils sont vraiment pas drôle...tient je sais si on le livrer au marchands avec un truc volés dans ses poches, pas un poisson vu que tu les mange, mais plutôt de ces machins rond et métalliques qui se mangent pas.... »

Akin fit mine de réfléchir un instant, prenant un air exagérément sérieux.

« Hm, j'ai peut être pas de quoi faire un gribouillage assez beau pour que ça soit amusant en fait, la terre et la boue ça tient pas bien, et pis j'ai pas d'encre, je pourrais en acheter mais ca vaut trois fois plus qu'un poisson et je pourrais plus m'acheter de poisson... Tu hantes les maisons? Super! Comme dans les histoires qui font peur! Ou alors je le vole l'encre, mais ça va mettre trop de temps... Faudra me présenter tes copains fantômes un jour, j'adore les fantômes! Enfin je les connaissais pas avant de te rencontrer mais maintenant je les adore! Faut que je pense a trouver de la peinture pour le prochain tout moche qu'on rencontrera dans une ruelle. Oui le poisson je vais le manger, mais l'argent c'est une bonne idée, et puis c'est pas bon alors c'est encore plus une bonne idée! »

Il conclut sa tirade en sortant de ses poches la bourse qu'il avait chipé à leur agresseur, et l'agita près de son oreille.

« Je crois que y a de quoi acheter au moins cinq poissons, le marchand devrait être content! Et puis comme ça il m'en voudra pas trop quand je viendrais lui piquer un poisson ou une pomme! »

Il sourit à la fantôme, satisfait de son raisonnement. Puis il attrapa l'homme balafré par les pieds et le traina hors de la ruelle en soufflant.

« En plus d'être pas beau il est lourd! »

Plus tard, le marchand de poisson qui s'était récemment fait voler un de ses produits par un jeune garçon chapardeur découvrit avec surprise un homme ficelé comme un saucisson devant son échoppe. Sur son ventre se trouvait une petite bourse de cuir avec une dizaine de pièces d'or.

« Ça alors. s'étonna le marchand. Ce ne serait pas Delnad? L'assassin dont la tête est mise à prix? »

Pour toute réponse, le balafré le fusilla du regard, ne pouvant répliquer avec le bâillon en travers de sa bouche, bâillon fait, tout comme les attaches avec diverses vêtements dont certains pas encore secs...

Eira et Akin se trouvaient sur un toit haut de la ville. Le garou avait fermé les yeux et appréciait la brise fraiche qu'apportait la fin d'après midi, un sourire de bien-être sur le visage. A coté de lui, Eira était suspendu dans le vide en position assise et observait l'horizon. Près d'elle, Fillan se lustrait le pelage en ronronnant doucement. La plénitude du moment ne laissait pas deviner l'affrontement qui s'était écoulé quelques instants auparavant.
Finalement, Akin bailla à la manière d'un chat, se gratta la joue du plat de la main et jeta un sourire joyeux à Eira.

« Ben c'était une journée vraiment amusante! On refais ça quand tu veux Eira-la-fantôme-qui-fait-peur-au-marchands-même-que-c'est-trop-classe! Je crois que Fillan et moi on va aller retrouver notre cachette où on dort, même qu'on a trouvé un coussin qu'est trop confortable! Si tu passe dans le coin un jour on te montrera le super coussin! Et la réserve de poisson aussi si tu veux, mais si tu mange pas de poisson c'est moins intéressant pour toi. »

Pour donner confirmation à ses paroles, Fillan se redressa, et fit le geste de se frotter contre Eira en ronronnant, puis sauta sur le toit d'en face en poussant un miaulement à l'attention d'Akin.
Akin s'étira, et avant de s'élancer à son tour, il sourit une dernière fois à sa compagne.

« Je suis content d'avoir une nouvelle amie qui sais si bien embêter les balafrés! On se reverra quand j'aurais acheté de la peinture comme ça on pourra en embêter d'autres! Je suis sûr que y a plein de balafrés dans cette ville! »

Riant joyeusement, il s'approcha du rebord du toit, et après un dernier regard à la fantôme, sauta sur le toit d'en face. Quelques instants plus tard, il avait disparu entre deux maisons.