Le bal des masques ( R.p. avec Bleue Enmira )

Leïf regardait autour de lui. Les rires et les danses, le son des instruments, le rouge et le violet. La grande salle de bal faite de bois sombre dans laquelle il se trouvait était remplie de gens de tout les âges ayant pour l'heure revêtu leurs plus beaux atours. Un orchestre sur une estrade jouait une musique légère mais entraînante. Il observa plus en détail la foule qui l'entourait. Seuls des membres du clan des défenseurs étaient présents. Les plus nombreux était les humains. Les plus jeunes d'entre eux dansaient sur la piste de bois prévue à cet effet. D'autres plus âgés conversaient de façon sérieuse. Des notables sans aucun doute. D'autres enfin entre deux âges étaient occupés à discuter d'une façon plus légère au vu des sourires qui naissaient épars sur leurs visages. Il remarqua quelques Armes, reconnaissables à leurs cheveux aux couleur variables, et à leur stature bien droite. La plupart d'entre semblaient moins à l'aise que les humains dans un milieu de ce genre. Des nains enfin étaient présents, ayant orné leurs barbes de belle taille d'anneaux d'or finement ciselé. Fidèles aux coutumes de leur peuple, la grande majorité d'entre eux se trouvait rassemblée près des immenses futs d'alcool installés contre l'un des murs de la vaste salle. Nains, Humains, Armes, tous ce soir avaient pour point commun de porter différents masques, du plus orné au plus sobre. Un grand escalier permettait de quitter le bas pour monter sur un balcon donnant sur le reste de la pièce où ils se trouvaient. Nul doute qu'il permettait aussi d'accéder aux autres parties de la demeure. Leïf y porta son regard. Le personne qu'il attendait n'était pas là, pas encore...


Le souvenirs des préparatifs qui s'étaient déroulés quelques heures auparavant lui revint en tête. Dans une des salles souterraines de la maison de leur ordre, il s'était réuni avec Altius ainsi que d'autre maîtres assassins. Sur la table de la pièce s'entassaient divers objets. Plusieurs cartes, une dague, le portrait d'un homme tracé d'une main experte sur une feuille de parchemin, un masque d'argent et enfin une lanterne qui en plus des torches suspendues aux murs servait à éclairer la pièce.

_ "Roswald Bylvélius" énonça Altius en désignant le portrait présent sur la table, "Ce sort c'est lui notre cible".
_ "Quel est son crime ?" demanda Leïf
_ "depuis plusieurs mois déjà, il se livre au trafic d'esclaves de membres du clan des défenseurs" répondit son maître "Des humains pour la plupart. Il ordonne aux troupes de mercenaires qu'il emploie d'attaquer des villages dans la campagne en compagnie d'Elfes pour ensuite les revendre à ceux ci. Il est à la tête de ce commerce peu scrupuleux. Nous suspectons également autre chose".
_ "Autre chose ?"
_ "Bylvélius semble être mêlé à d'autres affaires bien plus obscures. Nous avons essayé d'en savoir plus mais en vain. Il se peut qu'en nous en prenant à lui nous nagions en eaux troubles, aussi la plus grande prudence s'impose".
_ "Comment l'atteindre ?"
_ "Bylvélius est prudent et bien protégé dans son manoir, lequel se trouve dans notre quartier. Comme il se sait menacé, il a engagé une troupe de mercenaires et gardes pour assurer sa protection. Toutes les fenêtres de sa demeures son grillagées. Toutefois, il organise l'un des plus grand bals annuels des Défenseurs. A cette occasion il recevra tout les notables et nobles de notre camps".
_ "Devrais je donc le tuer lors de cette fête ?" questionna Leïf.
_ "L'avantage dont nous disposons" répondit Altius, "Est que le bal qu'il organise est un bal masqué. Tu devras donc t'habiller en circonstances pour te mêler à la foule des invités. Sur place tu auras carte blanche. Les armes ne sont cependant pas tolérées à cette fête, tu devras donc te débrouiller sans".
_ "C'est donc pour cela que Sayana m'a apprit à danser ces derniers mois ?"
_ "En effet" répondit Altius. Puis il désigna la carte présente sur la table "Sur cette carte figurent plusieurs cachettes sûres, tels des caves et souterrains présents aux alentours de sa demeure. Une fois l'assassinat effectué, le quartier sera sans doute en proie à la plus grande agitation. Tu pourras donc t'y abriter en attendant que les choses se calment pour ensuite revenir au quartier général. Des questions ?"
_ "Aucune".
_ "La mort de Bylvélius aura pour effet de faire cesser son trafic contraire aux intérêts de notre camps, mais elle peut aussi servir d'avertissement aux autres personnes tentées de faire le même commerce que lui. N'hésite donc pas à abîmer le corps. Tu peux disposer".


Le soir tombé, Leïf s'était présenté à la demeure indiquée pour se joindre aux convives. Il avait délaissé sa tenue habituelle d'assassin ainsi que son armure de cuir au profit d'un habit de soirée. Celui ci était fait de soie noire et lui descendait jusqu'aux mollets. La partie qui ornait le col était violette, tout comme l'étoffe qui serrée autour de sa taille faisant office de ceinture. Les manches quand à elle étaient cousues aux niveau des poignets de fils d'argent entrelacés traçant ainsi des motifs de feuilles. Ses bottes, noire comme son pantalon et le reste de sa tenue avaient pour l'occasion été cirées. Ses habits d'apparats outre leur aspect raffinés et élégants avaient pour autre avantage d'être sombres. Il pourrait ainsi plus facilement se fondre dans les ombres. Les armes étant interdites, il avait du renoncer à son arbalète mais avait dissimulé sa dague dans la cache aménagée dans sa botte. Au coin de la ruelle, il observait l'entrée de la demeure. Un groupe important de notable approchait. Voici l'occasion qu'il attendait. Il enfila son masque d'argent. Finement ciselé, celui ci ne laissait entrevoir de son visage que sa bouche, le bout de son nez et son menton. S'étant mêlé à la foule, il avait pu entrer pour se retrouver dans la pièce aux milieu de tout les autres, guettant l'occasion d'éliminer sa cible.



Mais Bylvélius n'était pas apparu, pas encore. Pourtant, courtoisie obligeant il serait bien obligé de se montrer à un moment ou un autre de la soirée. Mieux valait se faire discret en l'attendant. Leïf remarqua alors une jeune fille restée quelque peu à l'écart. Elle regardait d'un air distrait la foule des danseurs, sans doute perdue dans ses pensées. Il ne manqua pas de remarquer qu'elle était particulièrement jolie. Ses longs cheveux noirs ne lui semblaient pas inconnus. Sans qu'il sache pourquoi, elle lui rappelait quelqu'un. Après avoir terminé un gigue, l'orchestre entamait une valse. Puisqu'il était là, autant joindre l'utile à l'agréable. Il se dirigea donc dans sa direction en se mêlant aux convives. Elle se retourna lorsqu'il fut près d'elle. Il demanda alors,

_ "Bonsoir damoiselle, me ferez vous la faveur d'une danse ?"

La musique. Douce musique qui enflamme les cœurs et nous déclenche cette sensation de plaisir qui nous pousse à bouger sous le rythme d'un battement commun à tous. Musique qui nous unit et nous fait oublier tout autre chose au profit de la joie de la danse.
Les notes résonnaient dans la grande salle, puissantes et entrainantes. Et comme tout autre convive, Bleue se délectait de leur enchainement créé par les mains expertes des musiciens. Bien entendu, elle n'était pas là pour s'amuser, elle le savait, mais pour le moment il lui fallait se mêler à la foule, et apprécier la musique ne pourrait que l'y aider.
Vêtue de sa plus belle robe, longue et bleue à corset noir, ou plutôt de la seule robe qu'elle possédait mais qu'elle ne revêtait que pour les grandes occasions, la jeune fille était appuyée contre un mur, scrutant la foule pour repérer celui pour lequel elle était venue à ce bal. Les armes étant interdites lors de cette soirée, elle avait laissé son katana et son arc à l'auberge avec une pointe de déception. Néanmoins elle avait prit soin de garder le couteau de Ilk qu'elle avait glissé à l'intérieur de sa botte droite.
Bleue se souvenait parfaitement de ce qui l'avait guidé ici.

Quelques jours plus tôt, elle avait fait la connaissance d' Akin, jeune garçon fort étrange. Et en ce jour, des mercenaires avait tenté de l'enlever. Mercenaires dont elle s'était débarrassé avec l'aide bienvenu de son compagnon. Mais elle ne les avait pas tous tué. Elle en avait gardé un en vie. Leur chef, cet elfe qui semblait en connaître plus que les autres sur leur employeur.
Le faire parler avait été long... Et jamais auparavant Bleue ne s'était sentie aussi sale. Mais la haine qu'elle éprouvait pour le voyageur était plus forte que tout, et elle lui avait permis de jouer le rôle du bourreau...
Encore ce soir, les hurlements de sa victime retentissaient à ses oreilles. Elle l'entendait gémir, elle revoyait le sang couler des nombreuses plaies sur son corps. Elle revoyait son regard suppliant qui lui criait de l'achever...
Bleue déglutit mais se ressaisit vite, elle ne devait pas ressasser ses actes passés, du moins pas pour le moment. La violoniste se remémora très précisément les mots qu'avait finalement lâché l'elfe :

«  Bylvélius... Roswald Bylvélius... C'est lui... Lui qui nous a engagé... Je ne... sais rien de lui... Juste qu'il mouille dans des affaires pas nettes... Et qu'il paie bien... Je ne sais... rien sur le voyageur... dont vous parlez... Mais lui... saura sûrement... »

Bylvélius... Bleue n'avait pas dû chercher beaucoup pour trouver cet homme. En effet lorsqu'on est un haut et riche dignitaire de la ville, son nom est vite reprit sur toutes les bouches des quartiers mondains.
Et s'il y avait bien un endroit où Bleue savait se fondre, c'était parmi la noblesse. Son apprentissage des bonnes manière de la haute société lui avait rapidement fait obtenir les informations qu'elle désirait sur Roswald Bylvélius. Cet homme possédait un manoir dans les quartiers sud, endroit où il aimait à organiser de grandes fêtes qui réunissaient les membres les plus hauts placés des Défenseurs. Or, il s’apprêtait justement à donner une autre de ces réceptions très prochainement. Un bal masqué, auquel seraient conviés de nombreux nobles et riches d' Ilya. Des nains, des Humains, et des Armes.
S'introduire à cette fête ne posa pas non plus trop de difficultés à Bleue. Revêtue de sa robe finement brodée et d'un demi-masque noir dont elle avait fait l'acquisition, elle avait facilement trompé la vigilance des gardes par une attitude et une stature hautaine qu'elle savait mimer à la perfection.
Très vite, elle s'était jointe à la fête en scrutant les alentours avec attention. Elle n'avait jamais vu Bylvélius, mais nul doute qu'elle le repérerait facilement lorsqu'il entrerait en scène. Les organisateurs de célébrations aimaient généralement faire remarquer leur présence lorsqu'ils rejoignaient leurs convives.
Prenant son mal en patience, la jeune violoniste avait donc traversé une partie de la salle pour repérer les différentes issus. Puis elle était allé s'adosser contre une mur d'un air naturel sans quitter pour autant des yeux le grand escalier de marbre qui s'élevait au milieu de la large pièce
Elle n'avait pas exactement de plan. Elle savait juste qu'elle devrait arriver à rejoindre Bylvélius pour lui parler, et que son masque aurait l'avantage de la camoufler à ses yeux. Et si nécessaire, elle devrait le tuer, mais cette partie serait sans doute la plus ardue... Quand à son éventuelle tentative de fuite et bien... Elle verrait...
Essayant de ne pas penser au pire des scénarios, Bleue ferma les yeux et laissa la musique de l'orchestre la pénétrer jusque dans ses os. Celui ci mit alors la dernière note à la gigue qu'il jouait, et repartit sur une valse. Les yeux toujours fermés, Bleue s’imprégna de la musique et forma le début d'une mélodie dans sa tête. Bien qu'aucun instrument ne se trouvait dans ses mains, elle sentait ses doigts vibrer comme s'ils tenaient un archet. Les sons vibrants l'envahissait, elle se sentait entièrement emportée par la musique...

« Bonsoir damoiselle, me ferez vous la faveur d'une danse ? »

Bleue sursauta et ouvrit les yeux. Un jeune homme se tenait devant elle.
Vêtu d'un haut noir aux manches délicatement brodées de fils d'argent, portant un pantalon noir en tissu fin et une ceinture violette autour de la taille, il l'observait en se tenant droit, une main derrière le dos. L'autre main était tendue vers elle, dans une invitation polie. Outre sa voix dont le timbre lui rappelait quelque chose, Bleue s'arrêta sur la chevelure très particulière du jeune homme. De beaux cheveux blancs aux reflets violets accompagnaient son masque d'argent qui lui dissimulait le visage.
Des cheveux blancs...
Bleue hésita, la main tendue, bien que loin d'être imposante, semblait insister. En tant normal, la jeune fille aurait renvoyé ses éventuels prétendants pour se concentrer sur ce qu'elle avait à faire. Mais cette fois, elle se sentie étrangement indécise. Comme poussée par une force qui la dépassait, elle avança sa main et accepta celle du jeune homme en se demandant bien ce qu'elle avait derrière la tête.
Apparemment satisfait, son cavalier l'attira sur la piste de danse et passa une main autour de sa taille pour joindre délicatement l'autre à la sienne. Bleue garda le silence et se laissa entrainer par la valse que jouaient les musiciens.
Bien qu'elle soit un peu perdue face à sa propre réaction, elle ne pu que noter le talent certain qu'avait son compagnon pour la danse. Un intense sentiment de joie envahit bientôt son cœur tandis qu'elle se laissait aller au rythme de la musique, virevoltant au bras de son cavalier.
Tout semblait avoir disparu autour d'elle. Elle ne voyait plus que son compagnon, n'entendait plus que les son de la valse, ne sentait plus que les mouvements de la danse.
Elle ne parvenait à lâcher des yeux son cavalier qui l'entrainait toujours plus loin dans la rythmique que dictait l'orchestre.
La présence du jeune homme se faisait insistante, et elle rappelait de plus en plus quelqu'un à la violoniste. Qui était ce garçon ?
La réponse lui vint en un éclair. Son cavalier baissa soudain le visage et à travers son masque ses yeux croisèrent ceux de Bleue. Deux yeux d'un violet intense sans pupille...
La jeune femme entrouvrit la bouche de stupéfaction. Ces yeux... Elle ne connaissait qu'une personne qui puisse les posséder. Une personne qu'elle avait rencontré un mois plus tôt et dont elle n'avait pas eut de nouvelles depuis.

« Leïf ? »

La jeune fille le regarda et resta silencieuse, apparemment indécise. Leïf patienta poliment. Finalement elle acquiesça et lui tendit sa main. Le coeur léger, il l'entraina vers la piste de bois, passa son bras autour de sa taille et entama la valse. Une de ses consoeurs assassin lui avait appris quelques semaines auparavant différentes danses afin qu'il ne soit pas perdu lors de cette fête et qu'il n'attire point les soupçons. L'exercice lui avait d'abord semblé difficile mais n'avait en fait rien d'insurmontable. Finalement ça n'était pas si différend de l'art du combat à mains nues qu'on lui avait enseigné depuis qu'il avait cinq ans. Tout était affaire de pas et de déplacement. Sa cavalière maîtrisait sans doute de par son éducation parfaitement cet art. Légère et pleine de grâce elle bougeait dans des mouvements souples et harmonieux. Cependant un détail retint son attention. Malgré son adresse, la jeune fille a son bras avait le pas droit quelque peu hésitant par moment. Comme si une blessure ancienne à son pied la faisait un peu souffrir.
Tiens tiens...

Couplé aux longs cheveux noirs soyeux qu'elle possédait, à la délicatesse de ses traits et à la courbe subtile de ses hanches, cet indice lui apportait quelques précisions quand à l'identité de sa cavalière. Se pourrait il qu'il s'agisse de Bleue Enmira la belle violoniste ? Il en était presque sûr. Plus que les faits, c'était son intuition qui lui soufflait. Leïf poursuivi la valse, continuant de tourner encore et encore. Soudain son regard croisa celui de la jeune fille. Elle possédait des yeux d'un bleu si profond, si intense. Le doute n'était plus permis. Apparemment elle l'avait elle aussi reconnu car surprise elle ouvra la bouche avant de demander :

_ "Leïf ?"

Leïf sourit et répondit :

_ "Vous êtes toujours aussi perspicace damoiselle, Bleue. Vous n'avez pas mis longtemps à me démasquer".

Sous le masque noir qui ornait son visage, il devinait une surprise certaine. Il comprenait aisément pourquoi. La dernière fois que leurs chemins s'étaient croisé, il portait une armure de cuir noir, était équipé de pied en cap et avait tué plusieurs brigands à lui seul. A présent elle le retrouvait dans un bal rassemblant les grands notables et dignitaires de leur clan. Bleue était loin d'être bête, elle devait avoir compris qu'il n'avait rien à voir avec les nobliaux qui les entouraient bien qu'en ayant l'apparence. Sans doute ne manquait elle pas de se demander ce qu'il faisait ici. Lui même se posait quelques questions quand à sa présence. Elle lui semblait cependant moins incongrue. Bleue avait une stature bien droite, se comportait avec manière et bienséance. Elle maîtrisait de plus l'art du katana. Or la maîtrise des épées et autres lames longues était le plus souvent enseigné aux nobles à qui le privilège de porter ces armes était d'ordinaire réservé. Il devinait en elle des origines issue d'un lignage plus ou moins élevé. Le fait qu'elle ait pu passer l'entrée du bal était un autre indice allant en ce sens. Leïf reporta son regard sur sa jeune cavalière. Elle restait silencieuse mais continuait de le fixer d'un regard étonné. Peut être bien des questions se bousculaient elle en sa tête. Aussi il choisit d'atténuer quelque peu sa surprise en disant :

_ "Vous semblez surprise Bleue, ne vous avais je pourtant pas dit lors de notre dernière rencontre que nous nous reverrions ?"

Après réflexion, il lui sembla que ces propos pouvaient être interprétés en bien des sens. Jamais il n'avait en effet songé la retrouver en venant ici ce soir et sa mission passerait avant toute autre considération. Seul le hasard lui avait fait retrouver son amie pour cette nuit. C'est du moins ce qu'il lui semblait en cet instant. Mais le hasard en ses formes sinueuse est aussi ce qui fait le destin. Le sien le conduirait bien plus loin qu'il ne pouvait l'imaginer.

Son attention fut soudain attiré par des clameurs vers la partie de la salle se trouvant près du balcon. Roswald Bylvélius venait d'apparaître à l'étage et jetait un regard satisfait sur l'assemblée qui avait répondu présente à son invitation. De sa personne émanait une autre stature, la richesse et l'orgueil. Mais plus important et contraignant, il était escorté par non moins de six gardes. Vêtus de pourpre, ils portaient tous la même armure de cuir sombre. Afin qu'il ne jurent pas avec le reste des invités, ils avaient eux aussi un masque de métal identique pour chacun d'entre eux. Enfin il étaient tous équipés d'une épée et d'un glaive. Voilà qui n'allait pas lui faciliter la tâche. Valsant toujours avec Bleue il observait Bylvélius avec intensité. Celui ci était descendu, toujours accompagné de ses gardes du corps et échangeait à présent des amabilités avec ses invités. Impossible de frapper en pleine foule. La panique qui ne manquerait pas de s'ensuivre l'empêcherait de battre en retraite et il devrait affronter tout les gardes présents dans la pièce en plus de ceux protégeant sa cible. Mieux valait attendre qu'il se retire dans ses appartements. L'effet de crainte suscité par l'assassinat n'en serait de plus que plus grand si il parvenait à atteindre Bylvélius au coeur même de sa demeure. Leïf reporta son attention sur sa cavalière. Il s'aperçut alors qu'elle non plus n'avait pas quitté leur hôte des yeux...